Présentation

L'ecrivain

Présentation de l'ecrivain

Mohammed DIB naquît le 21 juillet 1920 à Tlemcen dans une famille bourgeoise en partie ruinée. Il commence ses études à Tlemcen, sans fréquenter l'école coranique, et les poursuit à Oujda au Maroc. Après la mort de son père en 1931, il commence autour de 1934 à écrire des poèmes mais également à peindre. Sa rencontre avec un instituteur français, Roger Bellissant (qui deviendra son beau-père) le conforte dans la voie de l'écriture.
De 1938 à 1940 Mohammed Dib devient instituteur, enseignant à Zouj Bghel, près de la frontière marocaine. Comptable à Oujda, l'année suivante, au service des Subsistances de l'Armée, il est en 1942 requis au Service civil du Génie puis, en 1943 et 1944 interprète franco-anglais auprès des armées alliées à Alger.
De retour à Tlemcen en 1945 Mohammed Dib est jusqu'en 1947 dessinateur de maquettes de tapis. Il publie en 1946 un premier poème dans la revue « Les lettres », editée à Genève, sous le nom de Diabi. Invité en 1948 aux rencontres de Sidi Madani, près de Blida, organisées par les Mouvements de Jeunesses et d'Education populaire, il y fait la connaissance d'Albert Camus, Jean Cayrol, Louis Guilloux, Jean Sénac, Brice Parain. IL est ensuite syndicaliste agricole et effectue un premier voyage en France. De 1950 à 1952 Mohammed Dib travaille, en même temps que Kateb Yacine, au journal progressiste « Alger républicain ». Il publie des reportages, des textes engagés et des chroniques sur le théâtre en arabe parlé. Il écrit également dans « Liberté », journal du Parti communiste Algérien.
En 1951 il se marie avec Colette Bellissant, avec laquelle il aura quatre enfants. Mohammed Dib lit à cette époque les classiques français, les écrivains américains, les romanciers soviétiques et italiens.
Après avoir quitté en 1952 « Alger républicain », Mohammed Dib séjourne à nouveau en France alors que paraît aux Editions du Seuil La Grande Maison, premier volet de sa trilogie Algérie, inspirée par sa ville natale, qui décrit l'atmosphère de l'Algérie rurale. Dans une « écriture de constat » , « réaliste », il y témoigne tel un « écrivain public », à partir de faits authentiques, de la misère des villes et des campagnes, des grèves des ouvriers agricoles, des revendications nationalistes naissantes. La presse coloniale critique le roman, ainsi que des membres du Parti communiste algérien qui auraient souhaité y rencontrer un « héros positif », Aragon le défend. Les deux autres volets de la trilogie, L'incendie et Le métier à tisser, paraissent en 1954, l'année même du déclenchement de la guerre de libération, et en 1957. Durant cette période Mohammed Dib est, jusqu'en 1959, employé dans la correspondance et la comptabilité commerciale.
Tandis qu'il aborde plus explicitement la guerre d'indépendance dans Un Eté africain, Mohammed Dib est expulsé d'Algérie par la police coloniale en raison de ses activités militantes. André Malraux, Albert Camus, Jean Cayrol interviennent pour qu'il puisse s'installer en France. Il s'établit alors à Mougins, dans les Alpes-Maritimes, chez ses beaux-parents, effectuant des voyages dans les pays de l'Est.
En 1962 Qui se souvient de la mer manifeste une bifurcation de son écriture vers l'onirisme, le fantastique et l'allégorique.
En 1964 Mohammed Dib s'installe dans la région parisienne, à Meudon, puis en 1967 à La Celle-Saint-Could, près de Versailles. Dans Cours sur la rive sauvage et La Danse du roi publié en 1964 et en 1968, il poursuit une quête plus introspective autour des thèmes de la condition humaine, de la féminité et de la mort. En 1970 Mohammed Dib souhaite s'engager dans une nouvelle trilogie « sur l'Algérie d'aujourd'hui », dont Dieu en Barbarie et Le Maître de chasse (1973) constituent les deux premiers volets.
Mohammed Dib enseigne en 1974 (ou 1976-1977) à l'Université de Californie à Los Angeles, qui lui inspira son roman en vers « L.A trip »(2003).
A partir de 1975 il se rend plusieurs fois en Finlande où il collabore, avec Guillevic, à des traductions d'écrivains finlandais. Ces séjours lui inspirent sa « trilogie nordique », publiée à partir de 1989 : Neiges de marbre, Le Sommeil d'Eve, Les Terrasses d'Orsol et bien plus tard L'Infante Maure. Mohammed Dib participe à un jury littéraire, en 1976, dans L'Oklahoma. Parallèlement à son travail de romancier, ses recueils de poèmes, Omneros en 1975, Feu beau feu en 1979, sont des célébrations de l'amour et de l'érotisme. Sa pièce de théâtre Mille hourras pour une gueuse, présentée à Avignon en 1977 et publiée en 1980, met en scène les personnages de La danse du roi. De 1982 à 1984 (ou de 1983 à 1986) Mohammed Dib est professeur associé au Centre International d'Etudes Francophones de la Sorbonne.
Dans ses derniers livres, Simorgh, puis Laëzza, terminé quelques jours avant sa mort, il revient, sous la forme d'un puzzle littéraire.

Prix et distinctions
Mohammed Dib a reçu de nombreux Prix, notamment le Prix Fénéon en 1952, le prix de l'Union des Ecrivains Algériens 1966, le prix de l'Académie de poésie en 1971, le prix de l'Association des Ecrivains de langue françaises en 1978, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin. Il a obtenu en 1998 le Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L'enfant-jaz. En 2003 de nombreuses rumeurs faisaient état de la possibilité de l'attribution à Mohammed Dib du Prix Nobel de littérature.
Quelques témoignages sur Mohammed Dib
« Cet homme d'un pays qui n'a rien à voir avec les arbres de ma fenêtre parle avec les mots de Villon et de Péguy ». Louis Aragon
« C'est l'écrivain de la précision dans les termes, de la retenue et de la réflexion. L'air qu'il fait entendre sur son clavecin est une musique intérieure qui parle au coeur. Ecrivant en français, sans complexe et assumant sa double culture, l'auteur ne se livre pas purement et simplement au lecteur. Sa création littéraire demande souvent plusieurs lectures pour pénétrer jusqu'au sens. »
Jean Déjeux, dans Hommage à Mohammed Dib, « Kalim », n°6, Office des Publications Universitaires, Alger, 1985.
« L'oeuvre littéraire de Mohammed Dib, commencée à la fin des année dix neuf cent quarante est aujourd'hui la plus importante de la production algérienne en langue française. Elle est aussi celle qui manifeste un renouvellement constant des formes et des thèmes en même temps qu'une grande continuité et une indéniable unité » Naget Khadda, Mohammed Dib, cette intempestive voix recluse, Ed. Actes Sud, 2003.

Pour des informations supplémentaires sur l'auteur, nous vous proposons de consulter la biographie faite par nos amis de LIMAG.

Oeuvres :
-La Grande Maison, roman, Le Seuil, 1952. Prix Fénéon,1953.
-L'Incendie, roman, Le Seuil, 1954.
-Au café, nouvelles, Gallimard, 1955.
-Le Métier à tisser , roman, Le Seuil, 1957.
-Baba Fekrane, contes pour enfants, La Farandole, 1959.
-Ombre gardienne, poèmes, Gallimard, 1960.
-Qui se souvient de la mer, roman, Le Seuil, 1962.
-La Danse du roi, roman, Le Seuil, 1968.
-Dieu en barbarie, roman, Le Seuil, 1970.
-Formulaires, poèmes, Le Seuil, 1970.
-Le Maître de chasse, roman, Le Seuil, 1973.
-Le Chat qui boude, contes pour enfants, La Farandole, 1974.
-Omneros, poèmes, Le Seuil,1975.
-Habel, roman, Le Seuil, 1977.
-Feu beau feu, poèmes, Le Seuil, 1979.
-Les Terrasses d'Orsol, roman, Sindbad, 1985.
-Le Sommeil d'Eve, roman, Sindbad, 1989.
-Neiges de marbre, roman, Sindbad, 1990.
-Le Désert sans détour, roman, Sindbad, 1992.
-L'Infante maure, roman, Albin Michel, 1994.
-Tlemcen ou les lieux de l'écriture, textes et photos, La Revue noire, 1994.
-La Nuit sauvage, roman, Albin Michel, 1995.
-Si Diable veut, roman, Albin Michel, 1998.
-L'Arbre à dires, nouvelles, essai, Albin Michel, 1998.
-L'Enfant jazz, poèmes, La Différence, 1998.
-Le Coeur insulaire, poèmes, La Différence, 2000.
-Comme un bruit d'abeilles, Albin Michel, 2001.
-L.A. Trip, roman, Paris, La Différence, 2003.
-Simorgh, nouvelles, essai, Albin Michel, 2003.
-Laëzza, nouvelles, essai,, Albin Michel, 2006.
-Poésies, Paris, 'Oeuvres complètes', La Différence, 2007.